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Et on reparle du Village tahitien… et de Rikiki Beach !

C’est ainsi que la presse du 28 avril annonce qu’un serpent de mer refait surface. Les journalistes pourraient aussi de parler de « Marronnier », un mot qui désigne un fait déjà dépassé mais qu’on ressort quand on n’a rien à dire.



Maeva Takin s’était déjà intéressée au sujet dans sa nouvelle intitulée Bienvenue en nécrocratie que vous pouvez consulter en entier. Elle a jugé que pour l’occasion elle pouvait attirer l’attention de ses lecteurs en extrayant le texte qui suit.


Pour rappel, la nouvelle imaginait que les trois plus célèbres dirigeants du Fenua (Anouar Fichtre, Oscaro Pointcom et le Vieux Léopard), grâce à une injection de produit, survivraient quelques décennies. La scène ci-dessous se situe en 2041.




Parmi les réussites dont le gouvernement se targuait, il y avait eu, en 2041, l’inauguration du Hameau tahitien censé répondre à la croissance du tourisme et aux vœux des opérateurs du monde entier. Ce projet, lancé vingt-sept ans plus tôt par le Vieux léopard, avait connu bien des vicissitudes. Alors que le pays attendait tout des investissements chinois ou émirati, un gigantesque plan – baptisé Waikiki nui - devait permettre d’accueillir quatre cent mille touristes supplémentaires, ce qui rendrait le pays autonome financièrement. Quand les investisseurs constatèrent que l’emplacement n’était pas idéal (en bout de piste de l’aéroport, entre un énorme supermarché et une route à six voies encombrée vingt-quatre heures sur vingt-quatre), qu’il serait probablement atteint par la montée des eaux dans quinze ou vingt ans, les capitaux promis migrèrent vers d’autres destinations. Quand Anouar Fichtre arriva au pouvoir, il fit concevoir un nouveau projet, raisonnable celui-là et plus modestement baptisé « Village tahitien ».


Peu à peu, cependant, des problèmes entravèrent les espérances. Les marchés asiatiques - pour lesquels les plans avaient été tirés – s’avéraient rétifs. Le Fenua était trop cher, trop lointain, trop peu sensible aux attentes de la clientèle. L’emplacement se révélait en effet peu intéressant, sauf comme solution d’attente avant de partir vers les îles moins peuplées et moins polluées. Juste une nuit, quoi ! Les écologistes ne facilitaient pas la tâche du gouvernement et les sécessionnistes non plus. Les uns et les autres mettaient en avant, qui la biodiversité menacée – la végétation qui était née sur ce lieu où pendant trente ans s’étaient accumulés des dépôts sauvages des particuliers et du supermarché – qui la valeur culturelle de ce lieu où, avant l’arrivée des Européens, on sacrifiait les ennemis capturés lors des guerres claniques, qui la possibilité d’y installer une gigantesque centrale solaire. Bref, ajoutons la perspective de l’élévation du niveau marin déjà évoquée et on aura compris le cheminement chaotique du projet. En 2041, donc, sur un promontoire artificiel, fut inauguré le « Hameau », un hôtel de style local – Oscaro Poincom avait accepté que l’esprit dans lequel il avait fait édifier jadis sa mairie servit d’exemple[1] - avec vingt-quatre chambres, un restaurant, plutôt un snack, sur pilotis en bordure de mer. Un mini-téléphérique le reliait à l’hôtel ou à un parking pour les Polynésiens qui souhaitaient déjeuner. Les enfants appréciaient ce moyen de déplacement. La première pierre d’un futur centre de rencontres (conférences, expositions, concerts privés) fut scellée mais, dès le lendemain, les politiques, les journalistes et les « j’ai mon avis sur la question » se déchirèrent. Devait-il y avoir deux cents places assises ou seulement cent-vingt ?


La presse évoqua le projet du Rikiki Beach.


[1] En fait, il fallut travailler sur documents car la mairie s’était affaissée avec l’âge et les débris dispersés lors d’un cyclone ravageur. Les bureaux de la mairie avaient été déplacés dans des containers aménagés en style local.

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