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Tourisme culturel et… orthographe !

Que n’aura pas inventé Maeva ?


Tu te poses la question, lectrice ou lecteur fidèles mais, habitué(e) à mes fantaisies tu ne t’étonnes pas plus que ça. Et tu sais que je tiens beaucoup à la langue de Molière que je ne voudrais pas écorcher. J’ai eu la chance d’avoir des papys et des mamies intransigeants et qui m’ont appris des règles… que je n’ai pas toutes retenues.


Quant à moi, je me suis posée la question : à l’issue de leur séjour chez nous, nos visiteurs seront-ils mieux armés pour affronter les pièges de l’orthographe farani ? En fait, la question touche tout public, notamment nos jeunes qui ne profitent souvent pas assez de l’école.


Le tourisme et l’orthographe peuvent-ils faire bon ménage et constituer un couple stable ? Je t’entends d’ici : « la dernière expression cache quelque déboire de Maeva avec son compagnon Nunui ». Comme certains gouvernements, je ne confirmerai, ni ne démentirai. Ne tire pas de ce « circule, t’as rien à voir » une quelconque conclusion [1].


Le recours à l’intelligence superficielle voulu par Maeva nous apporte encore quelques surprises. L’IS semble se dresser parfois contre Maeva qu’elle est pourtant censée aider dans la rédaction. L’IS n’est en fait qu’un ChatGPT à l’océanienne.


[1] Je n’ai pas pu m’empêcher d’interroger Maeva sur sa relation avec Nunui. Elle m’a répondu que les secrets d’alcôve n’étaient pas solubles dans l’alcool. Et elle est partie d’un immense éclat de rire, preuve qu’elle a bien assimilé la culture locale.


En fait, je suis subjuguée par les débats actuels sur le tourisme. Celui-ci, tout le monde en convient, ne peut pas se résumer au farniente sur une plage ou devant la piscine d’un hôtel. Encore que, paraît-il, il y a un public pour ça. Vu le prix à payer, cela relève du masochisme. Bon, si les caisses de l’hôtellerie ou des Polynésiens qui reçoivent chez eux des touristes se remplissent, c’est déjà un bon point. Cependant, attirer assez de visiteurs pour rendre rentables les investissements, il faudra se bouger les méninges.


Quand j’entends parler de tourisme culturel, je ne contiens plus ma joie ! Le croiriez-vous ? Non bien sûr car, si le Fenua recèle quelques trésors qui valent le déplacement, il sera difficile de rivaliser avec des destinations bien dotées en la matière. J’espère que le nouveau musée, le Fare Iamanaha sera largement visité. Sur le coup, j’ai cru qu’il s’agissait de ressusciter le Ia Mana te Nunaa à la veille des élections (déjà que le Here Ai’a prétendait la même chose et que le Tahoera’a tente de subsister sous un nouveau nom), mais non, j’avais mal lu. Ouf ! Sinon la Polynésie deviendrait un nouveau pays de zombies…


Et je me suis demandée si le touriste un peu curieux ne serait pas surpris comme je le suis devant ce que nous offrons aux visiteurs comme modèles culturels. Quelques exemples ? En voilà.


Pointe Vénus. Bravo les aménagements qui rehaussent le site, surtout les commentaires sur l’arrivée de l’Évangile, vous savez, grâce à laquelle les Océaniens ont appris la fidélité, le respect des voisins et surtout des voisines, la tempérance, l’honnêteté et travaillent désormais à la sueur de leur front. Donc, on vous explique tout ça : les missionnaires sont arrivés là, recueillez-vous braves gens. Et si les touristes s’impatientent d’approcher la mer, ils verront parfois un grand panneau : « Attention méduse ». Ciel, je pense à la sardine qui bouche le port de Marseille ! Une méduse ! Est-ce le principe de précaution à la première apparition de la bestiole ou l’inattention portée par un employé municipal à l’orthographe ? J’ai apprécié l’autre jour, en me promenant à la Pointe, de découvrir un panneau : « Attention, méduses ». Un progrès ? ou peut-être est-ce l’année des méduses ? J’aurais aimé que fût rehaussée la culture en apportant aux visiteurs quelque connaissance nouvelle. Quand même, ça aurait de la gueule un panneau (bien sûr traduit en plusieurs langues) du style : « visiteur chéri, prends garde à ces animaux marins de l’embranchement des coelentérés [2] qu’on nomme méduses et regarde bien où tu mets les pieds ! Ne mésuse pas des méduses ! ».


[2] Pitié, Maeva ! ne cherche pas à nous faire croire que tu es calée en zoologie ! Et tu prétends qu’en fait l’amour que tu portes à tes lectrices et lecteurs te pousse à élever leur niveau intellectuel ! Ne me raconte pas ça, à moi, qui me contente d’une intelligence superficielle.


Trou du Souffleur. Quelle différence avec le site d’autrefois quand le danger venait de la mer qui projetait parfois de gros galets sur la route de ceinture. Maintenant, grâce au tunnel baptisé Oscar Temaru premier du nom, l’automobiliste est en sécurité, sauf si – ce qui semble fréquent – les lumières sont éteintes. On dit souvent à Tahiti que la politique est un spectacle. Si c’est vrai, peut-être que le souffleur inspire le programme de l’homme politique qui a donné son nom à l’œuvre d’art (ou à l’infrastructure, pour garder une certaine neutralité politique). Si la route est désormais à l’abri des colères océaniques… le danger vient de la falaise. Dommage car la promenade au-delà de la soufflerie est magnifique. Mais puisque danger il y a, les touristes le percevront de façon contrastée, soit qu’ils soient francophones, soit qu’ils soient anglophones. Le francophone est averti par un panneau : « chute de pierre ». Sans doute lève-t-il les yeux vers le ciel pour découvrir quel est ce rocher fantastique qui menace de tomber à tout moment. S’il a un peu de culture, il craindra d’être transformé en crêpe bretonne (vous savez, cette crêpe où vous n’en avez pas pour votre argent) ! L’anglophone est prévenu : « Falling Rocks ». Sera-t-il rassuré de savoir que de multiples cailloux peuvent choir ? S’il suit l’actualité, il redoutera de subir le sort des femmes afghanes : la lapidation. Pour hâter la fin de ses souffrances il implorera le ciel pour que lui tombe sur la tête « la pierre » française !


Mieux encore, un petit malin a tenté de corriger le P de pierres pat un B, ce qui donne « chute de bierres (sic) ». Sans doute quelqu’un qui souhaite « brasser les cultures !


Gastronomie (si l’on peut dire). La gastronomie est évidemment un domaine hautement culturel et vus les prix, certains tenanciers de snacks se prennent pour Paul Bocuse. Et ils annoncent fièrement des menus qui feront saliver. Je cite quelques exemples d’ardoises plantées sur les trottoirs de Papeete (déjà pas mal encombrés) : « Steak frite ». À croire qu’à steak unique correspond la frite unique. Les plus futés penseront qu’il s’agit d’une frite de uru. Mieux encore le menu : « steak frite à volonté ». Et même chanson avec « moule frites » ou « moules frite ». Certains se demanderont si, en ces temps de restrictions, la Polynésie n’annoncerait pas les jours à venir difficiles. Dubitative, je me suis interrogée sur ce qui serait préférable : les moules à frite unique ou les frites à moule unique. Je vais interroger ma diététicienne préférée (ma mamie de la presqu’île).


Dans le domaine « sanitaires », de gros progrès ont été réalisés à Papeete depuis quelques années, mais avec des retours en arrière. En témoigne ce placard place Tarahoi : « Toillette hor sevice ».


Ce qui est rassurant, vu le lieu peu engageant, c’est qu’au moins là, nul ne sera victime de « sévices ». Il serait mal venu d’écrire qu’une telle affiche nous en bouche un coin, puisque là, sans doute réside la raison de la non-disponibilité. Toutefois, toute personne en urgence devra errer quelque peu à la recherche d’un débouché salvateur.


Ce que je retiens de mes divagations, c’est que ce ne sera pas forcément en visitant la Polynésie que le touriste pérégrin [3] apprendra mieux la langue de Molière… .


[3] Une fois encore Maeva veut éblouir ses lecteurs en laissant croire qu’elle a gardé des notions de latin. Maeva, tu pourrais simplement écrire touriste étranger, tout le monde comprendrait ! Évidemment, il faut qu’elle ramène sa science en me disant que le mot étranger est trop proche de la discrimination et que pérégrin rehausse le statut du touriste. Admettons, mais j’imagine un Guatémaltèque arrivant dans un appartement loué sur Airbnb : « Iaorana, moi suis un touriste pérégrin »…



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