
Seules et seuls les plus coupés du monde d’aujourd’hui penseront qu’avec un tel titre, Maeva poursuit sa descente vers la vulgarité. Que nenni ! Mon langage reste fidèle à moi-même : prétention littéraire, verbes bien choisis et allusifs, humour et ironie [1], absence de considération et de pitié à l’égard de celles et ceux qui ne cherchent pas à relever leur niveau intellectuel en s’abstenant de me lire et désir immodéré de faire avancer la cause féminine et la sororité [2].
Alors, enfonçons le clou ! Je n’ai pas écrit « brouetter » mais brouter, ce qui signifie que je n’ai fait aucune allusion au Kama Sutra. Maeva ne tombera jamais dans la vulgarité, qu’on se le dise.
Un peu d’histoire d’abord. Dès que j’ai entrepris de publier des billets sur mon blog, la drague battit son plein et j’ai raconté ça dans « dur ! dur ! d’être blogueuse ». La drague traditionnelle à défaut d’être pépère, se poursuit toujours avec des types qui pensent qu’ils peuvent me harponner avec ce type de phrase : « t’es belle tu sais ! Je voudrais en savoir plus sur toi ». Systématiquement, je réponds qu’il suffit à l’enamouré qu’il lise ma présentation sur mon blog. Généralement, la réplique ne se fait pas attendre du type : « t’apas plus simple ? (sic) ». Bon, je me dis que les relations épistolaires avec ce genre de pistolet n’entreraient pas dans la Pléiade.
Récemment encore, j’ai eu plus direct : « T qui toit ? (sic) ». Ou encore : « T doux ? ». Je trouve que c’est si drôle que je réponds dans l’attente de pouvoir calculer le QI de l’individu : « je réside à Tahiti ». Réponse : « C où sa ? en Amérik ? ». Ceux-là attendent encore que je me livre davantage.
Mais depuis quelques temps, entrent en lice les brouteurs. Kézako ? interrogeront certains pour faire savant. Le terme viendrait d’une comparaison avec les ovins ou les caprins qui se repaissent d’herbages sans efforts. Traduisez, des petits malins qui espèrent pouvoir soutirer du pognon sans effort auprès d’une pauvre créature en manque manifeste de tendresse. Plusieurs nuances. D’abord les arnacœurs ne sont pas toujours des petits malins. Ils peuvent être aussi des petites malignes qui vont s’adresser aux grands benêts. Ensuite, l’absence d’effort, souvent ne suffit pas pour brouter. Des trésors d’imagination semblent nécessaires pour que les victimes finissent par prendre des vessies pour des lanternes !
Tout le monde a entendu parler de cette malheureuse jolie quinquagénaire blonde qui crut que Brad Pitt s’intéressait à elle, une liaison virtuelle qui lui couta autour de 800 000 euros.
Concomitamment, dans le cocon qu’est notre refuge, à Nunui et moi, des brouteurs ont cru que la jeune femme que je suis serait une proie facile. Je les voyais venir de loin et bien décidée à les ridiculiser.
Tout a commencé avec un célèbre acteur (du moins se présentait-il ainsi), presqu’aussi beau que son défunt père, mais sans le talent. Il était fatigué de la saga familiale faite de coups tordus et de déclarations tonitruantes (il est vrai qu’il aurait pu finir Tony truand). Et ne parlons de ses déboires sentimentaux, séparations, réconciliations momentanées… Bref, il avait vu ma photo et lu plusieurs de mes billets qu’il trouvait truculents (je suppose qu’il ne s’agissait que de mes billets !). Le croiriez-vous ? il se sentait plus proche de moi depuis qu’il séjournait à Los Angelès.
J’eus droit à une logue déclaration d’amour, vraisemblablement traduite du wolof [3] et à une vidéo dans laquelle l’acteur se lamentait sur sa solitude en me suppliant de lui envoyer d’autres photos de moi sur les plages du pays.
Je fis durer le plaisir en prétendant que dans la vie le temps arrangeait bien des choses et que moi-même je ne prenais jamais de décisions rapides. Tout s’accéléra pourtant lorsque les incendies ravagèrent Los Angelès. Le malheureux avait tout perdu : sa villa, sa voiture et ses amis. Il avait besoin d’une aide urgente, même limitée, qui me serait remboursée dès que la succession de son défunt père serait réglée… avec d’appréciables intérêts. Je répondis – un rire sardonique au coin des lèvres - qu’il lui suffisait de marcher « delon en large » pour retrouver dans les ruines quelque piécette oubliée.
Plus fort encore, le brouteur qui avait lu mes billets énonçant mes relations avec Emmanuel Macron. J’eus droit à une vidéo dans laquelle un avatar de ce dernier expliquait qu’il était « coincé » depuis que Brigitte avait pris en main les comptes personnels du Président, car elle l’estimait trop généreux avec les âmes en peine et elle le prenait vraiment comme un gamin, selon l’article que j’avais moi-même écrit (« Gamin, viens avec moi à la superette … »). Du coup, il ne pouvait plus jouer en ligne à des jeux virtuels payants, le soir venu. Il suffirait d’une minime obole (disons 10 000 euros) à verser au secrétaire général de l’Élysée qui ferait suivre.
Bien sûr, vous imaginez que j’ai eu l’occasion d’en parler avec le Président lors d’un échange vers 5 heures du matin pour lui. Vous devinez ce qu’il m’a dit ? Non, certainement pas ! Le Président m’a avoué la situation suivante :
« Le ou les brouters sont particulièrement bien renseignés. Comment ont-ils su que depuis la dissolution, la Première dame contrôle de plus en plus mes dépenses personnelles ? ».
J’ai prétexté un autre appel de Nunui pour arrêter là la conversation.
Ceci dit, il y en a qui se sont fait bien brouter malgré tous les avertissements des gens sensés. Vous avez immédiatement perçu que je faisais allusion aux électeurs américains. Franchement, voter pour que les prix augmentent (droits de douane surélevés), voter pour perdre son emploi dans une agence fédérale, voter pour l’expulsion de son brave jardinier immigré du Belize ou du Nicaragua, voter pour que certains livres soient retirés des bibliothèques et des librairies [4], voter pour que la liberté d’expression des médias soit bridée (voir les propos de Steeve Banon) voter pour que soient supprimés les droits de femmes durement acquis (surtout quand on est une femme) et voter pour qu’on arrête de vacciner (le fameux responsable de la santé ne serait-il pas actionnaire d’une société de pompes funèbres) c’est ballot ça [5].
Jamais dans une grande démocratie, un chef de gouvernement (Boris Johnson excepté) ne pouvait mentir aussi délibérément en présentant des faits de façon contraire aux faits eux-mêmes, jeter des chiffres manifestement faux et dénigrer des opposants par des termes que le citoyen ordinaire n’oserait pas employer. L’homme shooté au bêta-carotène n’a en effet retenu que quelques éléments de langage : ses adversaires sont « horribles », ils sont « corrompus » et « incompétents ». On dit, dans les milieux scolaires : « c’est celui qui le dit qui l’est ». La politique américaine est bien devenue une cour de récréation.
Ne vous laissez plus brouter par qui que ce soit.
Plus on parle de l’Intelligence artificielle, plus les gens sont bêtes. Maeva réagit très bien en sollicitant mes services, ceux de l’Intelligence superficielle qui débusque les usurpateurs.
[1] Pour celles et ceux qui ne feraient pas de différence entre les deux, je dirais simplement que l’ironie est à l’humour, ce que la torture est aux pratiques des salons de massage.
[2] Pour rappel, la sororité est aux relations entre femmes, ce que la fraternité est aux relations entre hommes.
[3] Une des langues parlées au Sénégal. Je fis remarquer à Maeva que désigner des pays africains comme le berceau des brouteurs avait un côté quelque peu « raciste ». Elle m’a répondu que la suite de l’article allait prouver qu’elle visait aussi des Américains qui se veulent plus blancs que blancs sous réserve du bêta-carotène…
[4] Maeva fait allusion au livre pour enfants de l’actrice Julianne Moore que Trump a fait retirer des écoles appartenant à l’armée américaine. La lecture de cet ouvrage ne comporte pourtant aucun élément que le système éducatif pourrait juger nuisible aux jeunes élèves.
[5] « C’est ballot ». Les d’jeunes diraient plutôt « c’est nul ».
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