Trump/Poutine : deux pires empires
- Maeva Takin
- 28 sept.
- 5 min de lecture

La langue française, quand même, que de pièges elle commet dans les noms !
Même si vous n’êtes pas un Bled [1] à vous seuls, vous comprenez que cela m’amuse de faire semblant de tomber dans les pièges de la langue de la « puissance administrante » comme dit l’ONU. Bien sûr, je voulais titrer mon billet : « Trump/Poutine, de pire en pire ». Mais c’était trop tentant de rappeler qu’on avait deux dirigeants d’empires qui mettaient le monde à mal (le premier en principe provisoirement, mais on ne sait jamais… puisqu’il s’assoit sur la Constitution et le second qui est encore là pour longtemps, jusqu’en 2036, sauf s’il s’étranglait avec une sharlotka [2]).
Pour continuer sur les bizarreries de la langue de Molière, je me suis demandé [3] s’il fallait dire et écrire « de pire en pire » ou « de pis en pis ». En fait, les deux sont possibles mon Général, sauf que si vous choisissez la seconde formulation, vous ressemblerez à une vieille demoiselle qui n’a tant vécue que pour confirmer qu’elle appartient au passé. En effet, de pis en pis est vieillot, trop littéraire pourrait-on concéder pour cacher une érudition malvenue. Et pourtant, moi, ça m’irait bien d’utiliser de pis en pis. Par exemple, je serais ravie d’écrire quelque chose comme : « depuis que Donald Trump va de pis en pis, il se meut vachement trop ». C’est la foire agricole à Tahiti en ce moment, Moetai pourrait l’inviter.
Trump et Poutine sont tous deux atteints par des formes de folies, différentes, certes, mais tout aussi dangereuses. Le premier balbutie sa politique, va, vient, revient pour repartir au gré de ses humeurs et de ses rencontres. Il utilise un vocabulaire limité comme celui d’un enfant : « lui il est bien, lui il est mauvais, lui est épouvantable, méchant et ennemi de l’Amérique ». Le second, nul ne sait où il s’arrêtera dans l’ignominie, mais ce qui est sûr, c’est qu’à part Trump, chacun sait que Poutine continuera éternellement à enfermer ses opposants, à les faire assassiner, à déporter des enfants, à chercher à conquérir le plus possible de territoires. Du livre de son illustre compatriote Léon Tolstoi (le célèbre Guerre et paix) il n’a lu que les pages consacrées aux guerres et déchiré les autres. Pourtant, certains affirment que Poutine décline, se débine quand les drones ukrainiens le devinent, s’échine à contenir la Chine et combine des coups fourrés. Conquérir l’Ukraine n’est pour lui qu’un pis-aller (et revoilà les pis) mais nous espérons que bientôt ce sera un « pis-retour » aux frontières d’avant 2014, même si c’est par des pis (pardon, je voulais écrire par dépit).
Tous les deux s’amusent au jeu du « je t’aime moi non plus » qui se traduira finalement par le féminicide d’une de leurs nations. On n’ira peut-être pas jusque-là car leurs deux empires se ratatineront, tellement les idées de leurs chefs sont rétrogrades (particulièrement celles du russe car Retrograd c’est bien le nom d’une grande ville russe que vous ne trouverez que sur les cartes en cyrillique [4]).
La Russie, en fait, ne rétrogradera pas tellement car son niveau économique n’est pas très élevé et ses espaces de liberté sont déjà très limités. Quant aux États-Unis, ce n’est pas vers « une Amérique grande à nouveau » que l’on s’achemine mais vers un pays qui connaîtra un recul fantastique sur le plan scientifique, qui sera touché de plein fouet par le changement climatique actuellement nié, un pays qui connaîtra un recul fantastique dans le domaine culturel (il est aux mains de charlatans) et dans le domaine des libertés (il est entre les mains de liberticides).
Pour prouver ce que j’avance, vous trouverez ci-dessous, grâce à l’Intelligence superficielle, une note rédigée sous la pression de Trump qui sera remise à tous les touristes américains envisageant de se rendre à Tahiti. La voici :
Touristes, ne vous laissez pas berner par un pays spécialisé dans la séduction !
Nos services secrets mettront régulièrement à jour un état des restaurants et snacks où vous risqueriez d’être servis par des individus au sexe indéterminé. Dans notre grand pays, un homme est un homme et une femme est une femme et on ne peut pas passer de l’un à l’autre ou faire croire qu’on est autre chose que ce que l’on est.
Donc, vous éviterez ces boutiques, y compris celles dont l’enseigne fait penser à notre fantastique nation.
Sans transition, soyez prudents si jamais vous vouliez tenter des aventures extra-conjugales, car vous pourriez être déçu(e)s après coup [5].
Tout ça n’est pas étonnant quand on voit que le président de ce tout petit pays porte une jupe.
Ne vous laissez pas abuser par la gentillesse apparente de la population et par sa parenté supposée avec nos compatriotes hawaïens. Les gens vous souriront, vous flatteront, vous feront croire qu’ils aiment votre président que le Seigneur Dieu tout-puissant a placé à la tête de votre incroyable pays. En réalité, ils veulent tous trouver un moyen de venir s’établir en Amérique. Tous les arguments seront bons mais en réalité seront mauvais. On vous fera croire que les Polynésiens seront bientôt tous des exilés climatiques en quête de nouvelles terres à cause de la montée des eaux. C’est une gigantesque arnaque, car en réalité, dans ce pays où les circuits de distribution de l’eau sont tous en pitoyable état, les fuites sont considérables, ce qui donne l’illusion d’une invasion marine alors que c’est le contraire.
En réalité, ce pays étant une possession française, la France et l’Europe le maintiennent dans une terrible pauvreté en ne finançant aucun plan de grands travaux et en interdisant d’exploiter les fantastiques ressources sous-marines. Le président qui se met à genoux devant Monsieur Macron ne veut pas qu’on touche aux profondeurs marines. Heureusement, l’extraordinaire maire de la commune de Faa’a qui, comme votre président américain bien aimé, non seulement est un adepte du golf, mais surtout recommande de « forer, forer, forer » pour que les habitants deviennent milliardaires. S’il le faut, nous l’aiderons à exploiter les richesses avant que la Chine ne s’en empare. La déconfiture de l’Europe nous ouvrira des opportunités.
Touristes, vous serez certainement déçus par Papeete qui est une ville aussi sale que San Francisco aux mains des démocrates et dès le soir tombé aussi « craignos » que Portland. Vous serez déçus par Bora-Bora, aujourd’hui en aussi mauvais état que l’île ne l’était avant que nos braves soldats ne viennent la nettoyer en 1942.
En conclusion, ne dépensez pas trop lors de votre séjour et consacrez vos économies à visiter notre état paradisiaque d’Hawaii.
Il faudra que le service du tourisme lance une contre-offensive contre les fake-news américaines, s’il en la capacité.
Vladimir Poutine n’a pas besoin de mettre en garde ses touristes puisque, vraisemblablement, si des Russes parcourent notre Fenua ce serait en qualité d’espions au service du Kremlin.
Il n’y a pas de pire empire que celui qui est dirigé par un vampire.
[1] Le Bled répond à toutes vos questions sur les difficultés de la langue française (orthographe, grammaire, conjugaison…). Le défunt papy de Maeva avait enseigné une année à Alger et ses élèves rigolaient chaque fois qu’il disait : « allez au Bled, vous serez plus forts ».
[2] La sharlotka est un gâteau russe aux pommes parfumé de cannelle. Chez nous, à Tahiti, on pourrait le trouver directement pâtissé avec des pommes cannelle…
[3] Encore une difficulté de la langue française. Maeva s’est-elle demandé ou demandée ? Penchez-vous sur la particularité des participes passés des verbes pronominaux ! Casse-tête assuré et la réponse est : elle s’est demandé. Vous voilà un peu plus intelligentes ou intelligents.
[4] Je précise que cyrillique n’est pas le nom d’une matière plastique, mais le nom des langues de l’Europe de l’Est et de la Russie.
[5] « après coup » est une traduction édulcorée de l’américain…
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