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Cinq ans à l'Elysée, un lustre illustre ?

Même si vous n’êtes pas une lumière intellectuelle, vous savez sans doute que le lustre n’est pas seulement ce qui pend du plafond avec plus ou moins d’ampoules pour atténuer notre obscurité. Un lustre, c’est aussi une période de cinq ans. Je suggère donc aux politiques de remplacer le pédantesque quinquennat par lustre. On dirait alors, pendant son premier lustre, le président de la République a fait face à de multiples problèmes et que, dans son second lustre, il a éventuellement disjoncté.


Certains voudraient renouveler la politique en changeant les institutions, je propose qu’on adapte déjà le vocabulaire à notre temps. Le mot lustre présente bien des dérivés que tout le monde comprendrait. Au lieu de dire « pendant son quinquennat » on énoncera « pendant son premier lustrage » et plutôt que d’évoquer les premières années du mandat présidentiel « pendant ses premières manches de lustrine ». Ou encore, « lustrez, lustrez, il en restera toujours quelque chose » plutôt que « quinquenez, quinquenez… » Cela aurait de la gueule et redonnerait goût à la politique, non ? Ah bon ! vous seriez hostiles aux innovations ?


Pourtant, regardez, pour évoquer les années 2017 à 2022, remplacer « un quinquennat de renouveau » par « un lustre illustre », cela en jette immédiatement.


Bien sûr, dans mes chroniques de TPM, j’ai laissé apparaître une relation particulière avec le Président [1]. Moi, je n’ai pas d’engagement politique particulier, mais puisque l’Élysée s’est intéressé à mes articles au point de me demander conseil, je ne me suis pas privé d’entretenir une relation qui, en aucun cas, n’a prétendu rivaliser avec Brigitte.


Le Président et son épouse sont de fins lettrées et je propose donc d’évoquer leur passage élyséen en m’inspirant des fables de La Fontaine (vous voyez, je cite d’où coulent mes sources).


 

Les notes qui suivent sont générées automatiquement par notre recours à l’intelligence superficielle.

[1] Voir « Si Emmanuel venait tafe la France », « Ça y est ! Nous aurons Dieu avec nous » (liens)

Le Président et son épouse sont de fins lettrés et je propose donc d’évoquer leur passage élyséen en m’inspirant des fables de La Fontaine (vous voyez, je cite d’où coulent mes sources).


 

Jupiter dit un jour : "Que tout ce qui respire S'en vienne comparaître aux pieds de ma grandeur : Si dans son composé quelqu'un trouve à redire, Il peut le déclarer sans peur ; Je mettrai remède à la chose. Venez, gens de peu, et plaidez votre cause »[2].

- Moi, dit un chômeur de longue durée,

J’en ai bien trop enduré !

- Ce n’est pas compliqué, osa un courtisan,

D’un ton qu’il voulait compatissant,

Traversez l’avenue

Et vous serez le bienvenu

Chez un maître-artisan

Qui vous proposera un salaire moins-disant.

- Moi, dit un homme vêtu de jaune,

Comment remplirai-je mon réservoir ?

Je suis au désespoir

De financer le plein à l’aune

Des prix qui flambent.

- Cette difficulté tu l’enjambes

Avec ma prime de cent euros,

Répliqua Jupiter, tel un héros.

- C’est zéro

Répondit le tout de jaune vêtu.

- Ne sois pas têtu

Et ton RIB m’envoie

Pour boucler tes fins de mois.


(2) Vous avez reconnu le début de la fable dite La besace, réécrite par Maeva.


Un courtisan invita Jupiter à comprendre les besoins

Mais conseilla : « tu peux plier, mais ne rond-point.


- Moi, dit un éboueur

Je suis premier de corvée.

Qu’as-tu pour mon bonheur

Et pour ma maisonnée ?

- Prends donc le social ascenseur,

Qui te sortira du malheur.

- Mais qui appuiera sur le bouton ?

- Appuie sur le 1 pour une explication

En français, sur le 2 pour choisir l’étage

Sur le 3 pour choisir la cage

Et passe à Pôle Emploi

Qui énoncera tes droits.

- Moi, dit un apprenant,

Je voudrais changer d’appartement

Pour me rapprocher de mes enfants

Chez leur mère alternativement.

- Pour eux tu cherches des appâts,

S’écria Marlène Chiappa,

Mais si tu n’avais pas couru le guilledou,

Ton sort serait plus doux.

- Moi, dit un smicard

Je passe pour un tocard.

- Adhère à mon syndicat,

Dit un p’tit gars

Qui n’avait de délicat

Que le reliquat

D’éducation

Obtenu en pension.


Jupiter du haut de l’Olympe

Voulait que chacun grimpe

Jusqu’à être premier de cordée

Sans se laisser déborder.


Jupiter voulut arrêter les altercations

En ouvrant une nouvelle session.

Il en confia la direction

À un vieux lion

Qui avait toujours des ambitions.

Le vieux lion proclama urbi et orbi :

« Aux lois avez-vous désobéi ?

Car un mal qui répand la terreur, Mal que la Chine en sa fureur Inventa pour punir les crimes de la terre, Le Covid [puisqu'il faut l'appeler par son nom] Non jugulé par le docteur Théron, Faisait aux hommes la guerre. Ils ne mouraient pas tous, mais tous étaient frappés

Ou étaient entubés[3] ».


(3) Vous avez reconnu, malgré la façon dont Maeva tord le texte, la fable Les animaux malades de la peste.


Hier la peste, aujourd’hui le covid, mais toujours trouver des boucs-émissaires et non le bouc du commissaire


Le vieux lion tint conseil, et dit : « Mes chers Ma'ohi, Je crois que le Ciel a permis Pour nos péchés cette infortune ; Que le plus coupable de nous Se sacrifie aux traits du céleste courroux, Peut-être il obtiendra la guérison commune. L'histoire nous apprend qu'en de tels accidents On fait de pareils dévouements ».


Il dressa le tableau

Du covid nouveau :


« Nul mets n'excite plus nos envies ;

Nulle fleur de tiare ne titille nos narines

Et partout se déracinent

Nos vies.

Voyons sans indulgence L'état de notre conscience. Pour moi, ôtant mon plastron,

Satisfaisant mes appétits gloutons J'ai dévoré force vahine

Partout et à Huahine. Que m'avaient fait les maris ? Nulle offense,

Mais pour ma défense

J’ai toujours réparé les outrages

Sans manquer de courage. Même il m'est arrivé quelquefois de manger Le Budget sans déranger

Grand monde

Puisque l’argent de la France abonde. Je me dévouerai donc, s'il le faut ; mais je pense Qu'il est bon que chacun compense Car on doit souhaiter selon toute justice Que le plus coupable on punisse. - Metua, dit le client politique, tu es trop bon

Pour le commun dépourvu de fonds. Tes scrupules font voir trop de délicatesse ; Et bien, manger le budget exprimé en sotte espèce,

De franc pacifique

N’est pas un délit spécifique.

- Moi peut-être, dit un certain viril,

Maire dans une île

Sous le Vent

Je n’ai pas été constant.

D’abord Tavini, j’ai rallié Gaston

D’un coup de menton

Puis son gendre

Sans réfléchir à ce que cela engendre.

J’ai poussé Macron

À prendre une décision,

Puis soutenu Pécresse

Est-ce que je régresse ?

Et maintenant je parraine Marine

Car j’aime cette coquine.

Ne suis-je pas une girouette,

Saperlipopette ?

- Non, dit un aficionado,

Tourne le dos

Encore une fois

Et tu seras le roi

De l’éolienne

Avec ta femme îlienne

Et brassant l’air tous deux

Vous procurerez, palsambleu

Au pays de l’énergie

Sans Engie.

- Moi dit un autre maire

Peut-être bientôt intérimaire

En pleine pandémie je donne mon nom Alpha

Comme un ministre à Ibiza

À ma compagne

Alors que des consignes je fis campagne

Pour limiter les rassemblements

Pendant le confinement.

- Que c’est romantique,

Dit un asymptomatique.

- Moi, dit encore un mêlé de sang

Je ne suis pas vacciné, bon sang,

Car j’ai plein d’anticorps

Dans mon décor.

- Quelle chance nous avons d’avoir

En toi un miroir,

Dit un résident de l’île

Dirigée par l’édile,

Tu es ce que nous sommes

Chez nous, bien bonhommes.


Tandis que défilaient

Ceux qui battaient

Leur coulpe

En dégustant quelque poulpe

La foule survoltée

Jamais ne s’était révoltée

Ni des méfaits Ma’ohi,

Sitôt bénis

Ni des méfaits tinito,

Qualifiés decrescendo.

C’est alors que s’avança

Un discret popa’a

Bel homme nommé Day

Qui avait moins de trente balais

Qui tint sans ambages

Ce langage :

- Sans vous offenser

Mes fautes sont censées

Moins graves que les vôtres.

- Sans doute pas actes des apôtres !

Clama un diacre de l’EPM[4]

Déchargeant ainsi son PM.

- Parle, étranger !

Ordonna un planteur d’orangers.

- Voilà, dit le blanc blanc,

Très franc,

Et sans tourner autour,

Il y a quelques jours,

Avenue Pouvana’a a Oopa

Alors que je roulais au pas

Par inattention,

J’en fais mention,

Pensant juste que je l’effleure,

Je renverse une jardinière de fleurs.


À ces mots on cria haro sur le beau Day.

Ce pelé, ce galeux, d'où venait tout le malheur.

Un dangereux farfadet ! Sa peccadille fut jugée un cas pendable. Renverser le bien public ! quel crime abominable !

Il fut jeté illico presto

Dans un aviso

Quittant l’Indo-Pacifique

Pour réviser les normes iso,

Suite à un contrat mirifique.


Selon que vous serez blancs ou noirs,

Les jugements populaires vous mèneront au désespoir.


[4] EPM = Église protestante ma’ohi.


Revenons, chères lectrices et chers lecteurs, aux relations que j’entretiens avec Emmanuel. Tandis qu’il se préparait à entrer en campagne, il m’appela pour que je lui souffle quelques arguments à utiliser contre ses concurrents me confia-t-il et convaincre les « croquants et les croquantes[5]. Je lui proposai alors d’avoir recours à l’intelligence superficielle comme je le fais pour expliciter certaines phrases ou allusions. Il s’agit d’un boîtier acheté dans une start-up du boulevard des Batignolles, que de jeunes geeks adaptèrent aux desiderata élyséens. Le principe en est simple : on introduit un nom de candidat à l’élection, le boîter mouline quelques instants et une voix semblable à un GPS argumente à charge.


Le Président chargea son épouse et le sémillant ministre de l’Outre-Mer, Sébastien Lecornu, de rôder le procédé.

Brigitte inscrivit le nom de Valérie Pécresse sur un carton prévu à cet effet et le fit digérer par le boîtier. On entendit comme un bruit de lutte, puis la voix artificielle débita :

Valérie, en 2017 tu quittas les LR, l’air de rien, critiquant à tout va tes anciens partenaires. Tu devais te lancer seule dans la course à la présidence. Et voilà que tu es revenue au bercail côtoyer les personnalités que tu avais vilipendées. Quand donc, Valérie, cesseras-tu ce va-et-vient ridicule ?


Ce n’était pas vraiment convaincant. Sébastien Lecornu tenta l’opération avec le nom d’Éric Zemmour. Après quelques secondes, la voix se fit entendre, véhémente :

Éric, tu n’aimes pas les Polynésiens. Tu as le projet de les obliger à changer de prénom. Tu imagines Maeva Takin s’appeler Bienvenue Takin ? Cela ferait penser à une station de métro[6]. Tu imagines Vaimalama Chaves[7] dont le prénom signifie « source de lumière » s’appeler Néon, même si elle ambitionne de collectionner les tubes ? Et tous ces autres jolis prénoms qui disparaîtraient ! Mais on garderait Gaston, Oscar et Édouard ! Que ce serait exotique ! Et tous les popa’a et assimilés, les Ariel, Azad, Boris, Fadi, Massimo, Nedim, Riccardo et tutti quanti ? Aux oubliettes de leur Histoire ?



 

Avec Zemmour, il faudrait l’appeler Néon ou Spot

 

Brigitte introduisit Philippe Poutou. Le boîtier fut pris de hoquets, exécuta quelques bonds à droite et à gauche et un énorme éclat de rire envahit la pièce :

Ah ! Hi ! Hi ! Oh ! Oh ! Oh ! Poutou ! Hi ! Hi ! Hi ! sur le Ah ! Ah ! Ah ! Popotin[8] ! Non ! non ! non ! Arrêtez, je n’en peux plus !


[5] Sans doute le Président fait-il allusion aux chansons de Brassens qui utilisa plusieurs fois ces mots. Dans la bouche du Président, il semble bien y avoir une sorte de mépris pour le peuple de croquants, terme péjoratif désignant des paysans un peu lourds. Il n’est pas étonnant qu’Emmanuel et Maeva s’entendent si bien !

[6] Allusion à la station Montparnasse Bienvenue (le nom du créateur du métro parisien).

[7]Miss Tahiti 2018 et miss France 2019.

[8] Référence certainement à la mise au point de Maeva sur le livre d’Epeli Hau’Ofa.


Brigitte et Lecornu qui avaient lu l’anthropologue s’esclaffèrent à leur tour. Un rire communicatif qu’il fallut arrêter en glissant le nom de Jean-Luc Mélanchon. Le boîtier émit des borborygmes, puis consentit à émettre :

Jean-Luc, tu accuses Emmanuel de dictature et de menacer les libertés ! Mais tu apportes ton soutien à Poutine qui est installé au pouvoir depuis 1999 et le restera au moins jusqu’en 2030. Ce serait ça ta Sixième République ? Et tu approuves le soutien de Poutine aux dictateurs de Biélorussie, de Syrie et du Kazakhstan ! Bravo ! Et toi, Jean-Luc tu apportes ton soutien aux ultramarins qui refusent la vaccination ou qui voudraient qu’on leur injecte le Spoutnik V dont les Russes ne veulent pas !


Lecornu sourit : « bien envoyé ! » lâcha-t-il. Il glissa le nom de Marine Le Pen. Le boîtier hésita un moment puis, finit par lancer :

Ce que j’ai dit à propos du Farani insoumis, je pourrais le répéter pour toi Marine. Tes modèles démocratiques sont les mêmes. Mais toi, tu es une femme, encore plus compromise avec les régimes qui n’aiment pas les femmes (Trump, Orban en Hongrie, Kaczynski en Pologne...). Tu t’es acoquinée avec Gaston en 2017, sans doute un père la vertu qui te sert de modèle…


Yannick Jadot trouverait-il grâce aux « yeux » du boîtier ? Un écolo, ce serait bon pour l’Outre-Mer, non ? Que nenni cracha la machine :

Ô, Yannick, avec ta culpabilisation de ceux qui émettent une forte empreinte carbone, tu vas désespérer les ultramarins qui voudraient sortir de leurs îles pour visiter le monde, visiter leurs familles dispersées sur terre et monter des affaires ! À t’écouter, il ne faudrait même plus ravitailler les îles ! Et bien sûr le tourisme est incompatible avec ta préservation de la planète. De quoi, alors vivront les ultramarins ? Finalement, tu es leur pire ennemi !


Lecornu se frotta les mains : « je n’osais pas le dire »… Il ne jugea pas nécessaire de glisser un carton avec le nom du candidat communiste, pas plus que les noms de candidats qui d’une élection à l’autre ne dépassent pas 0,5 % des voix. Il fit un essai avec celui d’Anne Hidalgo. Le boîtier sembla embarrassé et finalement coupa :

Je ne trouve rien à dire ! Ollé !


Un nouvel essai fut tenté avec le nom de Christiane Taubira. Le boîtier sembla gêné, se tortilla un peu et se contenta de la jolie formule :

En 2022, Christiane, tu n’es ni tout-à-fait la même, ni tout-à-fait une autre… Tu Kourou ?


Brigitte et son coéquipier parurent satisfaits, mais un peu gênés que fût vilipendée une femme qui avait établi le mariage pour tous et avait rendu la fierté aux habitants des Caraïbes.


Lecornu qui n’avait pas peur d’être mangé tout cru par Jupiter, essaya le nom d’Emmanuel dans le boîtier avec le résultat suivant :

Emmanuel, en 2017, tu qualifiais la colonisation de crime contre l’humanité. Tu promettais de diminuer le nombre de députés et de sénateurs. Tu promettais qu’en dépassant les clivages gauche/droite tu réconcilierais les Français… Que reste-t-il de tout cela ?


Brigitte s’empressa de déconnecter le boîtier et lança à Lecornu un regard torve.


Peu après, Emmanuel me fit part de sa satisfaction mitigée : « l’expérience n’est pas tout-à-fait concluante, mais je vais y puiser quelques idées fortes ». Il ajouta qu’avec les arguments du boîtier, il lui serait plus facile de convaincre les Outre-Mer que les outrecuidants. Il semblait un peu désabusé. « Rien ne m’aura été épargné pendant ces cinq années ». Il réfléchit, puis m’annonça sa décision (J’en eus la primeur) :


 

Imagine-t-on Maeva en station de métro ?

 

Je vais sortir de l’Élysée et me rendre à l’entrée, rue du Faubourg Saint-Honoré. Le saint-honoré, c’est mon gâteau préféré. Surtout quand c’est Brigitte le prépare. Tu sais, Saint Honoré étaient évêque de ma bonne ville d’Amiens où je suis né. Tu vois mon destin. J’habite une rue qui porte son nom et je me régale de la pâtisserie qui le porte aussi. Alors voilà. Je vais me munir du produit adéquat et d’un chiffon et je vais aller lustrer la plaque indiquant « Palais de l’Élysée ». Ne crois-tu pas que ce sera un bon présage pour un second lustre au 55 de la rue Saint-Honoré ?


 

Lustrer l’entrée des résidents illustres

 



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