Défaite française au Mondial de foot 2022 :c’est la faute au pape François
- Maeva Takin
- il y a 22 heures
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Le 18 décembre 2022, au Qatar, se joua un drame. Pas que la France fut battue. La République honore les vainqueurs comme les éternels seconds. Poulidor symbolisait cette tradition.
Non, le drame se joua entre deux personnalités hors normes : Jéhovah d’un côté et le pape François de l’autre. Vous aviez peut-être appris que le pape était le représentant sur terre du Créateur, mais vous savez aussi que de nos jours, le respect du maître, le respect du père (fût-il éternel), sont bousculés tant par l’élève que par le fils (fût-il le fils spirituel).
Un peu avant la grande finale, François était tout excité. Lui le fanatique de foot s’amusait à taper dans un ballon que le cardinal camerlingue [1] s’empressait d’aller chercher et ramener au Saint-Père qui se remettait derechef à taper de sa chaussure orthopédique. « Je le sens, dit-il au camerlingue, l’Argentine va gagner ! » Devant le scepticisme dudit camerlingue, François sortit l’arme atomique : « je vais prier pour ça ! ». C’est alors que Jéhovah intervint : « François ! Tu as théologiquement tort ! Moi Jéhovah je suis tenu d’aimer les Français comme les Argentins et je ne peux me mêler de favoriser tel ou tel camp, même s’il est vrai que parmi les Français il y a sûrement beaucoup plus d’impies que du côté argentin ». Le camerlingue intervint en faisant remarquer que dans l’équipe de France beaucoup de joueurs avaient gardé les traditions de leurs origines et qu’ils se signaient avant chaque match ou avant chaque tir au but. « J’en conviens, consentit le Créateur, mais les gestes pieux ne garantissent pas la piété ». « Et vlan ! » pensa le camerlingue, Jéhovah est de plus en plus exigeant. François rongeait son frein. « Mais enfin, finit-il par dire, Toi l’Être suprême, tu as trop longtemps soutenu l’Occident et il serait bon pour ta réputation et celle de ton Église que tu t’intéresses désormais au Sud global ». « Pauvre créature restée humaine, rétorqua le Créateur, pour moi les notions d’Occident ou de Sud (même global) n’ont pas de sens. Je me meus au-dessus de la terre qui tourne sur elle-même et autour du soleil. Nord, Sud, Est et Ouest supposeraient que j’adopte une position fixe alors que j’aime aller et venir à la vitesse de la Lumière. Je suis la Lumière ! ».
« Quand même, reprit François, tu ne pourras pas rester sensible à mes ardentes prières en faveur de l’Albiceleste [2] ne pourront pas te laisser indifférent. Nous apprenons aux fidèles que tu as le pouvoir d’inverser les situations si leurs prières sont nombreuses ferventes et accompagnées de quelques dons ». « Tu as mis le doigt, François, là où il fallait, mais laissons le jeu se dérouler et en cas de besoin j’interviendrai ».
Le pape accompagné du camerlingue ouvrit la télévision et ces deux-là crurent comprendre que Jéhovah était avec l’Albiceleste. Une équipe de France atone et côté argentin un Messi digne de ce nom. Las pour les deux téléspectateurs, en deuxième mi-temps Jéhovah s’incarna en Mbappé. Les prolongations furent palpitantes et le palpitant des deux cardinaux manquait de sortir de leurs cages. Jéhovah voulait sans doute éprouver leur foi, enfin celle de François parce que l’autre cardinal aimait bien la France où il passait tous ses congés payés. François se mit à genoux malgré la douleur et pria en argentin, en italien, en latin et s’essaya même au volapuk. Pendant la séance des tirs au but, François redoublait d’ardeur spirituelle. Quand un Français shootait, il implorait son Patron : « qu’un doux zéphyr vienne dévier la balle ». Quand c’était au tour des Argentins : « dirige le ballon vers les mains du gardien, Seigneur du Ciel et des terrains de foot ! ». Quand il fut clair que les Français avaient perdu, François s’épongea le front avec sa soutane : « Jéhovah a entendu le Sud global et son Serviteur au Vatican, mais je crains d’avoir trop influencé le Père éternel ». En effet, ce dernier ne ses manifestait plus, mais François sentait sa présence. Il baissa la tête et timidement regarda l’écran de télé tandis qu’il cherchait à fuir le regard de Jéhovah, mais un œil, du plus profond de la lucarne, regardait François en silence. Puis une voix se fit entendre : « François ! c’est la deuxième fois que la main de Dieu sauve l’Albiceleste ! La première fois, je l’avais fait pour Maradona [3], la seconde fois pour toi ! Il n’y aura pas de troisième fois ! »
Ainsi, on sait maintenant pourquoi la France avait été vaincue : à cause des prières du Pontife. Cette révélation a été portée à la connaissance du grand public, suite à une fuite vaticane, deux mois avant le décès du Pape. J’ai trouvé cette info sur le site auquel je suis abonnée : Vatican cancan.
On trouve sur ce site des analyses de fond fournies par des vaticanologues [4] qui ne vaticinent pas pour montrer que le Décalogue n’est pas en décalage avec la modernité.
Cette semaine, le site a été abondamment pourvu. Des articles s’attardent sur la future élection et n’hésitent à mettre les pieds dans le plat du conclave. Ils rappellent la formule bien connue sur les ambitions nourries par les cardinaux : « qui rentre au conclave se pensant papabile en ressort cardinal ». C’est vous dire à quel point cela grenouille au sein de la chapelle Sixtine avant qu’une fumée blanche n’annonce qu’un nouveau Pape a été « désigné par l’Esprit Saint », comme ils disent. Un nouvel adage a cours depuis le décès de François pour calmer les ardeurs :
En avril
Ne te découvre pas papabil(e)
En mai
On ne sait jamais…
(sur un malentendu !)
Comme on pouvait s’en douter, quelques puissants de ce monde qui ne sont point cardinaux cherchent à influencer le vote des vieux garçons venus de tous les points cardinaux. Il se dit qu’Elon Musk a promis de fournir au successeur de François une papamobile entièrement électrique et sans chauffeur. Il aurait posé une condition : qu’aucun cardinal n’envisage d’engager sa transition. Une condition annexe serait que le futur Pape s’engage à soutenir Victor Orban et Éric Zemmour.
Le clergé américain qui avait beaucoup à se faire pardonner (tant il avait mis la main à la pâte) approcha Donald Trump pour faire l’éloge de la pauvreté. Un franciscain qui ne manquait pas d’assise fut délégué à Mar a Lago pour ce faire et prêcher la pauvreté devant une dizaine de milliardaires. Il offrit un vénérable portrait de St François d’Assise au nouveau Président. Ce dernier confia le cadeau à un domestique, sortit un Kleenex, le déploya et le déposa sur le portrait : « Cachez ce saint que je ne saurais voir ! »
Naturellement, Vatican cancan s’en donne à chœur joie sur tous les thons à propos de la succession palpable !!! [5]
La nouvelle la plus étrange est la proposition d’un cardinal qui considère qu’on ne peut plus se fier au Saint-Esprit pour désigner le successeur de Pierre et que de nos jours, ce devrait être l’intelligence artificielle qui serait beaucoup plus divine que le souffle de la pentecôte [6]. « Il suffit, écrit-il, de regarder les derniers papes pour qu’on se rende compte qu’ils ont entraîné l’Église dans le wokisme, l’ultralibéralisme, le populisme et le scoutisme ». Pour preuve, il dénonce la sympathie portée par François aux transgenres, une abomination plus grande encore que la pédo-criminalité ecclésiastique. Et pourquoi donc ? « Parce que ce serait critiquer la création de Dieu, suggérer que lorsqu’il façonna l’homme à partir de la poussière, il aurait mal dosé les mélanges et que lorsqu’il créa la femme après avoir retiré une côte à la première créature, il n’aurait qu’élaboré une entrecôte ». Je me suis bien gardée de rappeler que Pierre Loti avait estimé que les vahine étaient des « natures incomplètes » (Loti dixit). Je souris et pensai qu’il faudrait s’interroger aussi sur la nature des cardinaux, habillés de telle sorte qu’on s’interroge légitimement sur leur masculinité. Des natures complètes ou incomplètes ? Seule une transparence de l’Église pourrait apporter une esquisse de réponse.
Que mes lectrices et lecteurs me pardonnent d’avoir… pontifié sur le pontificat !
Quelle bonne idée a toujours Maeva d’utiliser l’intelligence superficielle qui lui évite les énormes erreurs que commet l’intelligence artificielle !
[1] Le cardinal camerlingue gère l’Église entre la mort du pape et l’élection du suivant. Maeva en fait un domestique du pape. Sacrée Maeva.
[2] L’équipe argentine de foot est surnommée l'Albiceleste, en raison des couleurs (bandes blanches et bleues ciel) du drapeau du pays et du maillot des joueurs. Maeva n’est pas transgenre parce qu’elle adore le foot !
[3] Si vraiment vous ne connaissez rien au foot, le minimum syndical des non sportifs est de se souvenir qu’en 1986, au mondial du foot, Maradona avait marqué un but de la main sans que l’arbitre n’y ait vu la moindre faute. Maradona fanfaronna par la suite que c’était la main de Dieu qui avait ainsi sauvé l’Argentine.
[4] Maeva se permet parfois des néologismes. Ici je suppose qu’elle voulait une sorte d’allitération avec le mot Décalogue.
[5] Dans cette phrase, Maeva joue volontairement avec l’orthographe et des mots inappropriés. Qui n’a pas découvert les supercheries ?
[6] Les méchantes langues (et sur les réseaux sociaux, elles sont légions et pas toujours étrangères) prétendent que ce cardinal a bien calculé que son profil serait retenu par l’IA…
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