Quelle fille n’a pas rêvé de rencontrer quelqu’un (ou quelqu’une) qui allierait le
charme et les moyens de satisfaire tous ses besoins. Ces derniers évoquent bien sûr
une liste à la Prévert.
Le charme et l’chèque ! un rêve, un fantasme, une utopie, que dis-je ? un
inaccessible horizon… Et j’avais une amie qui était tombée sous le charme d’un
cheikh, mais ce dernier était sans provision. Elle s’en rendit compte quand, dans un
grand restaurant parisien, il ne put pas payer les ribs cuits au four.
Où suis-je en train (en l’occurrence, c’est en avion) de vous emmener ? À Charm el
Cheikh, bien sûr, là où se tient la COP 27.
La COP 27, c’est comme la coupe du monde de foot, elle ne devrait pas se ternir là
où elle se tient. Il y a des endroits du monde, comme ça, où les meilleures causes se
souillent, surtout quand des arsouilles s’en mettent plein les fouilles. Ouille, ouille,
ouille !
Je suis tombée à la renverse quand j’ai appris que des milliers de défenseur du
climat s’étaient donné rendez-vous sur les côtes égyptiennes de la mer Rouge. Des
milliers, vous dis-je ! « Si, si », comme dirait le Président bien nommé dudit pays,
c’est bien ça. Venir discuter de la réduction de l’empreinte carbone, de la sobriété
énergétique, d’une meilleure répartition des richesses (au fait qui paie les voyages et
les séjours ?) en carbonant à qui mieux mieux, en consommant sans modération et
en étalant un luxe choquant, voilà de quoi nuire aux revendications vertes.
Saint COP, priez pour que je ne m’évanouisse pas devant tant de splendeurs
maléfiques…
Écolos de tous les pays, punissez-vous vous-mêmes en cautionnant sans précaution
cette manifestation.
J’admire tous les chefs d’États qui s’y bousculent, puisqu’ils vont se faire engueuler
pour leur inaction climatique, alors que chaque année ils plantent un arbre dans le
jardin de leur résidence. Ce n’est pas de leur faute si les jardiniers, ensuite, ne les
arrosent pas.
Greta Thunberg a raison de critiquer les COP qui se résument à du « bla bla bla »
(verbatim). Elle va pouvoir passer ses examens et devenir une cadre de la bonne
société (où tant de cadres ne sont en fait que de vieux tableaux).
Pourtant, si on m’avait payé le déplacement et donné une tribune, j’aurais proclamé
à quel point j’ai mal à ma Calédonie et mal à ma Polynésie. Mal de voir nos côtes
grignotées, nos terres salinisées, nos routes menacées, nos maisons sous la menace
des eaux et des vents… J’aurais plaidé pour que la France, l’Union européenne et le
monde riche nous aident (de A à Z) à faire face. Mais je ne suis pas une assistée.
J’aurais aussi plaidé pour que, dans nos îles, on change nos modes de
consommation, qu’on instaure un contrôle technique sur nos voitures polluantes,
qu’on arrête d’acheter des grosses voitures énergivores et inutiles sur nos routes.
Mais je ne vais pas à Charm el Cheikh. Je vais ainsi contribuer à épargner la planète,
mais j’aurai, grâce à quelques supports médiatiques, attiré l’attention du monde…
mais surtout de mes chers Calédoniens et Polynésiens.
Je vous assure que je fais tout ce qui est possible pour préserver la biodiversité.
Mon compagnon Nunui encore plus. Quand nous nous baladons en montagne, il
m’interdit d’arracher les plants de miconia. Chez moi, il refuse d’écraser un
scolopendre, un cafard et n’utilise jamais les « bombes » anti-moustiques. Vous
comprendrez pourquoi j’hésite encore à lui demander de venir s’installer chez moi.
Sans prendre modèle complètement sur lui, chaque nuit, vers 2 heures 30, je me
retiens pour ne pas aller étrangler les coqs de mon voisin qui ne sont toujours pas
remis du décalage horaire.
Écolos d’ailleurs et d’ici, même combat !
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